Comment naissent les marées

Mise à jour le 18 avril 2024Par 6,8 min de lecture

La naissance des marées

Les marées sont un phénomène naturel fascinant qui rythme la vie des océans et des littoraux du monde entier. Chaque jour, le niveau de la mer monte et descend, façonnant les paysages côtiers et influençant les activités humaines. Mais comment naissent ces mouvements réguliers des eaux ? Quelles sont les forces en jeu derrière ce ballet incessant ? Plongeons ensemble dans les mécanismes complexes à l’origine des marées.

Les forces gravitationnelles

L’attraction de la Lune : La principale force responsable des marées est l’attraction gravitationnelle exercée par la Lune sur la Terre. Notre satellite naturel, bien que beaucoup plus petit que notre planète, exerce une force d’attraction non négligeable sur les océans terrestres. Cette force est inversement proportionnelle au carré de la distance qui sépare les deux astres. Ainsi, le côté de la Terre faisant face à la Lune subit une attraction plus forte que le côté opposé.

Cette différence d’attraction crée une déformation de la surface des océans, formant un « bourrelet » d’eau orienté vers la Lune. Simultanément, un second bourrelet se forme à l’opposé, résultant de la force centrifuge générée par la rotation de la Terre autour du centre de gravité commun du système Terre-Lune. Ces deux bourrelets sont à l’origine des marées hautes.

 

L’influence du Soleil

Le Soleil joue également un rôle dans la formation des marées, bien que son influence soit moins importante que celle de la Lune. Malgré sa distance bien plus grande, la masse considérable du Soleil lui permet d’exercer une force d’attraction significative sur les océans terrestres. Tout comme pour la Lune, cette attraction varie en fonction de la distance, créant des bourrelets d’eau orientés vers le Soleil et à l’opposé.

Les cycles des marées

Les marées semi-diurnes

Dans la plupart des régions du globe, on observe deux marées hautes et deux marées basses par jour, appelées marées semi-diurnes. Ce cycle s’explique par la rotation de la Terre sur elle-même. En effet, chaque point de la surface terrestre passe successivement sous les deux bourrelets d’eau créés par l’attraction de la Lune, engendrant ainsi deux marées hautes et deux marées basses en un peu plus de 24 heures (environ 24h50).

Les marées diurnes

Dans certaines régions, notamment dans le Golfe du Mexique ou en Mer de Chine, on observe un cycle de marées différent, avec une seule marée haute et une seule marée basse par jour. Ces marées diurnes s’expliquent par la géographie particulière de ces zones, où la configuration des côtes et des fonds marins modifie localement les effets des forces gravitationnelles.

Les variations d’amplitude des marées

Les marées de vives-eaux et de mortes-eaux

L’amplitude des marées, c’est-à-dire la différence de hauteur entre une marée haute et une marée basse, varie au cours du mois lunaire. Lorsque la Lune, la Terre et le Soleil sont alignés (lors de la pleine lune ou de la nouvelle lune), leurs forces d’attraction s’additionnent, engendrant des marées de plus forte amplitude appelées marées de vives-eaux. À l’inverse, lorsque la Lune forme un angle droit avec le Soleil par rapport à la Terre (lors du premier et du dernier quartier), les forces d’attraction de la Lune et du Soleil se contrarient partiellement, donnant naissance à des marées de plus faible amplitude nommées marées de mortes-eaux.

L’influence de la distance Terre-Lune

L’orbite de la Lune autour de la Terre n’est pas parfaitement circulaire, mais légèrement elliptique. Par conséquent, la distance entre les deux astres varie au cours du mois lunaire. Lorsque la Lune est au plus proche de la Terre (périgée), son attraction est plus forte, engendrant des marées de plus grande amplitude. À l’inverse, lorsque la Lune est au plus loin (apogée), son influence est moindre, donnant lieu à des marées moins importantes.

Le Mont-Saint-Michel, célèbre abbaye française située sur une île au large de la Normandie, est réputé pour ses marées parmi les plus importantes d’Europe. L’amplitude des marées y est telle qu’elle peut transformer l’île en presqu’île lors des marées basses, rendant l’abbaye accessible à pied depuis le continent.

Cependant, cette particularité a donné lieu à une histoire surprenante durant la Guerre de Cent Ans, qui opposa la France à l’Angleterre de 1337 à 1453. En 1425, durant l’occupation anglaise, une garnison anglaise était stationnée au Mont-Saint-Michel. Confiants dans leur position, les soldats anglais négligèrent de surveiller l’arrivée de la marée montante.

Un soir, un groupe de soldats français, menés par le chevalier Louis d’Estouteville, profita de cette négligence pour lancer une attaque surprise. Ils traversèrent la baie à marée basse, se cachant derrière des rochers et attendant patiemment le moment propice. Lorsque la marée commença à monter, isolant le Mont du continent, les Français lancèrent leur assaut, prenant les Anglais complètement au dépourvu.

Pris de panique et réalisant trop tard leur erreur, les Anglais furent rapidement submergés. Certains tentèrent de s’échapper par la mer, mais furent emportés par les courants violents. Le Mont-Saint-Michel fut ainsi libéré de l’occupation anglaise grâce à la ruse des soldats français et à leur connaissance des marées.

Cette anecdote illustre non seulement l’importance stratégique que pouvaient revêtir les marées dans l’histoire, mais aussi la nécessité de comprendre et de respecter ces phénomènes naturels puissants, capables de transformer un paysage en quelques heures.

L’impact des marées sur les littoraux

L’érosion et le façonnage des côtes

Les mouvements réguliers des marées jouent un rôle majeur dans l’évolution des littoraux. Lors des marées hautes, l’eau recouvre une plus grande portion des côtes, submergeant les plages, les estuaires et les marais. Cette avancée de la mer peut provoquer une érosion des sols, en particulier lors des marées de vives-eaux ou des tempêtes. Au fil du temps, cette érosion façonne les paysages côtiers, créant des falaises, des baies et des îles.

Les écosystèmes intertidaux

Les zones intertidales, c’est-à-dire les portions du littoral situées entre les niveaux des marées hautes et basses, abritent des écosystèmes uniques et fragiles. Ces habitats, alternativement immergés et émergés au gré des marées, hébergent une faune et une flore spécifiques, adaptées à ces conditions changeantes. Les marées jouent un rôle crucial dans le fonctionnement de ces écosystèmes, en apportant nutriments et oxygène, et en permettant la dispersion des organismes.

  • Les marées naissent principalement de l’attraction gravitationnelle de la Lune et, dans une moindre mesure, du Soleil sur les océans terrestres.

  • L’amplitude des marées varie en fonction des alignements Terre-Lune-Soleil et de la distance Terre-Lune.

  • La rotation de la Terre et les positions relatives de la Lune et du Soleil engendrent des cycles de marées semi-diurnes ou diurnes.

  • Les marées façonnent les littoraux, influencent les écosystèmes côtiers et rythment la vie des populations vivant au bord des mers et des océans.

Conclusion

Les marées, fruit de l’interaction complexe des forces gravitationnelles de la Lune et du Soleil, sont un phénomène naturel d’une grande importance pour notre planète. Leur naissance résulte d’un subtil équilibre entre attraction et rotation, donnant vie à un mouvement perpétuel des océans. Au-delà de leur beauté hypnotique, les marées façonnent les littoraux, influencent les écosystèmes côtiers et rythment la vie des populations vivant au bord des mers et des océans.

Comprendre leur origine et leur fonctionnement nous permet de mieux appréhender cet élément clé de notre environnement et de prendre conscience de la délicate harmonie qui régit notre monde.

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