La mer d’Aral disparaît : Chronologie de l’assèchement
Selon des rapports, la mer d’Aral en Ouzbékistan a connu un déclin catastrophique, passant du quatrième plus grand lac du monde dans les années 1960 à un désert toxique couvrant seulement 10% de sa superficie initiale en 2020, principalement en raison de projets d’irrigation soviétiques massifs.
Chronologie de l’assèchement
Au fil des décennies, la mer d’Aral a connu un déclin spectaculaire :
- Années 1960 : superficie de 66 458 km², 4e plus grand lac du monde
- 1989 : séparation en Petite mer (nord) et Grande mer (sud)
- 2014 : surface réduite à environ 7 000 km²
- 2020 : ne couvre plus que 10% de sa taille initiale
Cette réduction drastique s’est accompagnée d’une perte de 14 mètres de profondeur et de 90% du volume d’eau. En Ouzbékistan, le bassin oriental de la mer du Sud s’est entièrement asséché, ne laissant qu’une mince bande d’eau à l’ouest.
Politiques d’irrigation soviétiques
Dans les années 1960, le gouvernement soviétique a lancé d’ambitieux projets d’irrigation en Asie centrale, visant à transformer les steppes arides en vastes plantations de coton et de blé. Cette initiative a entraîné le détournement massif des fleuves Amou-Daria et Syr-Daria, principaux affluents de la mer d’Aral, vers un réseau étendu de canaux d’irrigation. En conséquence, l’apport en eau de la mer a été drastiquement réduit, ne recevant plus qu’environ 1/20e de son alimentation initiale. Cette politique d’irrigation intensive, poursuivie même après l’indépendance des républiques d’Asie centrale, a été le facteur déterminant de l’assèchement rapide et catastrophique de la mer d’Aral.
Conséquences écologiques et sociales
L’assèchement de la mer d’Aral a entraîné des conséquences dévastatrices pour l’écosystème et les populations locales. La salinité a fortement augmenté, passant de 10-11‰ à des niveaux extrêmes, provoquant la disparition de 26 des 32 espèces de poissons endémiques. Les anciennes villes portuaires comme Moynaq se sont retrouvées à des dizaines de kilomètres du rivage, leurs quais transformés en cimetières de bateaux fantomatiques. La mortalité infantile dans la région est devenue l’une des plus élevées au monde, en raison de la dispersion par les vents des pesticides et du sel laissés par les eaux en se retirant.
Transformation en désert Aralkum
Le fond asséché de la mer d’Aral s’est métamorphosé en un vaste désert toxique appelé Aralkum, couvrant une superficie d’environ 60 000 km²1. Ce nouveau désert, formé en seulement quelques décennies, est devenu une source majeure de tempêtes de sel et de poussière chargées de pesticides et d’autres polluants. Ces tempêtes, pouvant s’étendre sur des centaines de kilomètres, affectent gravement la santé des populations locales et dégradent les terres agricoles environnantes, exacerbant ainsi les problèmes économiques et sanitaires de la région.
1960 de nos jours