La récente inondation catastrophique à Valence, en Espagne, met en lumière les conséquences complexes des décisions historiques en matière de gestion hydraulique, depuis la déviation du fleuve Turia par Franco en 1957 jusqu’au démantèlement récent de certaines infrastructures, soulevant des questions cruciales sur l’aménagement urbain et l’adaptation aux événements climatiques extrêmes.

Redirection du Turia

Le Turia, fleuve emblématique de Valence, a connu une transformation radicale suite à la terrible inondation de 1957 qui avait coûté la vie à 81 personnes. Face à cette catastrophe, le régime de Franco a entrepris un ambitieux projet de déviation du fleuve, marquant un tournant dans l’histoire hydraulique de la région. Cette décision majeure a conduit à la construction d’un grand canal artificiel contournant la ville pour se jeter directement dans la Méditerranée, modifiant ainsi profondément le paysage urbain et la relation de Valence avec son fleuve historique.

Historiquement, le fleuve suivait un tracé naturel représenté par la ligne verte. En 1957, le régime de Franco a profondément modifié son cours en construisant des barrages et des réservoirs, déplaçant le fleuve selon la ligne bleue. En 2021, le gouvernement a décidé de démanteler ces infrastructures hydrauliques. Conséquence dramatique : la zone marquée en rouge a subi en octobre la plus importante inondation jamais enregistrée en Espagne.

Système Hydraulique de Franco

Le système hydraulique mis en place par le régime franquiste comprenait un ensemble complexe d’infrastructures visant à protéger Valence des crues du Turia. Ce dispositif incluait des barrages de régulation en amont, un canal de déviation principal, des réservoirs de rétention et un nouveau lit artificiel pour le fleuve. Cette approche d’ingénierie hydraulique à grande échelle, caractéristique de l’ère Franco, a permis pendant des décennies de protéger efficacement le centre de Valence des inondations, modifiant durablement le paysage urbain et la relation de la ville avec son cours d’eau historique.

Inondation Catastrophique 2024

En octobre 2024, la région de Valence a été frappée par des pluies torrentielles d’une intensité sans précédent, provoquant la pire inondation de l’histoire de l’Espagne. Le bilan humain s’est avéré catastrophique, avec plus de 200 victimes et des dizaines de disparus, selon les derrières informations. L’ampleur de cette catastrophe a été exacerbée par plusieurs facteurs :

• L’urbanisation intensive des zones inondables

• La bétonisation excessive empêchant l’infiltration naturelle des eaux

• Le manque de réactivité des autorités dans l’alerte des populations, certains habitants affirmant avoir été prévenus trop tard

• Le démantèlement récent de certaines infrastructures hydrauliques héritées de l’ère franquiste

À Chiva, à l’ouest de Valence, des précipitations exceptionnelles atteignant 491 litres par mètre carré ont été enregistrées, illustrant l’intensité extrême de cet événement climatique.

Leçons et Avenir

Cette catastrophe sans précédent soulève d’importantes questions sur la gestion des risques naturels et l’aménagement du territoire. Elle met en lumière la nécessité d’une approche équilibrée entre la modernisation des infrastructures et la préservation des systèmes de protection existants qui ont fait leurs preuves par le passé.

Les leçons à tirer incluent l’importance d’une gestion plus durable des infrastructures hydrauliques historiques, d’un aménagement urbain responsable en zone inondable, de l’amélioration des systèmes d’alerte précoce, et de l’adaptation aux événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents. Ces défis appellent à une réflexion approfondie sur les politiques d’urbanisation et de gestion de l’eau en Espagne, dans un contexte où les fleuves sont déjà fortement sollicités pour l’agriculture.

Turia en 1957

Turia en 2024